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Allergiques aux génériques ? Ils ont enfin dit la vérité à la télé ! (France 5)

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Journalisme et Santé Publique

Allergiques aux génériques ? Ils ont enfin dit la vérité à la télé ! (France 5)

generiqueIl fallut se faire violence mais, au final, aucun regret. Mardi 4 mars une heure et demie de télévision publique (France 5) consacré aux médicaments génériques. Nous connaissons tous la chanson. Sont-ils véritablement la copie véritable des originaux ? Mon médecin est contre, il ne me donne que des vrais. Les pharmaciens touchent grassement au passage. Ma mère y est allergique. Combines et compagnie. On nous cache la vérité. Ils sont tous blancs et on ne peut pas les casser. Je n’arrive jamais à retenir leur nom.  Ils sont faits en Inde. Pire : en Chine.
Sauveur
« Enquête de santé ». Sur le plateau, de ma gauche à ma droite : le Pr Sylvie Legrain  (gériatre, hôpital Bretonneau, AP-HP), le Pr Jean-François Bergmann (chef du service de médecine interne – hôpital Lariboisière, AP-HP), le PrAlain Astier, chef du département pharmacie, hôpital Henri-Mondor, AP-HP) et l’omnipraticien omniprésent  Sauveur Boukris. Trois vrais hospitaliers et un petit généraliste qui s’est fait une spécialité unique : pourfenderur de l’arnaque, grand procureur médiatique anti-génériques   comme on peut le voir ici.  Personne de chez Sanofi pour répondre aux accusations terribles du documentaire sur ses basses manœuvres officinales concernant le Plavix®. Dommage.
Tout ne fut pas limpide. Sujet nettement trop large. Chemin de fer inversé. Redites et passages abscons. Et cette absence de hiérarchie qui tue bien des débats télévisés. Pourtant des bribes de vérités furent dites et bien dites. Au point que, tout bien pesé, l’ensemble pouvait éclairer les auditeurs, les malades comme les bien-portants. Sans oublier les prescripteurs qui, comme le Dr Boukris, calquent leurs gestes sur les désirs et aux angoisses de leurs patients. Ce qui ne fait rarement fuir la clientèle.
Stigmates
Débattre du générique c’est immanquablement s’enfoncer dans les sables mouvants de la croyance. Opposer ceux qui croient en lui à ceux qui n’y croient pas. Ceux qui sont pour les vrais médicaments  vous racontent avoir vu les stigmates du mal des copies. Les autres rament pour certifier, du haut de leur chaire que ces stigmates ne sont pas, ou que ce sont là de faux stigmates. Avec, sur toutes ces paroles, le voile épais des allergies d’expression cutanée.
Empathique en diable le Dr Boukris reprend son bâton de pèlerin. Lui préfère écouter ses malades plutôt que croire dans les études chiffrées du Pr Astier. Lui sait les souffrances causées par les insécables et les grumeaux des génériques en suspension. Lui et ses malades ont souffert de la perversité d’un pharmacien d’officine qui, ne respectant pas sa mention « non substituable », délivra un générique de  Dépakine®  à un malade épileptique. Et pourquoi, je vous prie,  faut-il perdre tant de temps à devoir écrire à la main « non substituable » à gauche, en face de chaque spécialité princeps à une époque où les ordonnances sortent imprimées de l’ordinateur-prescripteur ?
Gestuelles
Face à Sauveur Boukris, deux piliers hospitaliers pour les deux branches du rationnel: la médecine (interne) et la pharmacie (hors-officine). Discours raisonnable, démontant au passage « une ineptie » du confrère généraliste. Discours abordant enfin ce qu’habituellement on cache : la puissance non pas du seul effet placebo mais bien de la gestuelle, de la puissance de conviction du prescripteur. S’il montre qu’il y croit, cela marchera. S’il affiche qu’il n’y croit pas c’est perdu d’avance. Le Pr Bergmann tente de faire comprendre ce que le Dr Boukris ne peut ni entendre ni avouer. Le Pr Legrain parle au nom des personnes âgées. Elle tutoie Sauveur et Jean-François. Elle tente la médiation. L’émission est finie.
On avait au passage appris que les allergies aux génériques pouvaient aussi être une affaire de pouvoir : la révolte, dans l’ombre des cabinets, des couples prescripteurs-prescrits. Des couples en révolte contre  la machine Etat-Assurance Maladie qui veut imposer les génériques au seul motif  de faire des économies. De ce point de vue l’intéressement financier considérable des pharmaciens d’officine à la substitution des médicaments prescrits par le médecin est une opération proprement  ahurissante.
Têtes de veaux
Placebo/nocebo. Il  faudra songer à retravailler cette question à la télévision.
« Knock
Ça vous fait mal quand j’enfonce mon doigt ?
Le Tambour
–          Oui on dirait que ça me fait mal.
Knock
–          Ah ! ah !  (il médite d’un air sombre) Est-ce que ça ne vous gratouille pas davantage quand vous avez mangé de la tête de veau à la vinaigrette ?
Le Tambour
–          Je n’en mange jamais. Mais il me semble que si j’en mangeais effectivement ça me gratouillerais plus. »