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Il était une fois, un petit oiseau prénommé Hadicto…

Coups de coeurDrogues et addictions comportementales

Il était une fois, un petit oiseau prénommé Hadicto…

C’est l’histoire d’Hadicto (tout droit sorti de mon imaginaire pour le nom !), un petit oiseau qui se promenait. Chemin faisant, il rencontre un mystérieux objet doré. Il continue sa promenade et se trouve à nouveau face à cette pépite dorée. Curieux, il l’inspecte puis la goûte. Flash, Rush, High ! Sa vie se colore différemment et c’est l’euphorie. Hyperthymique, il redescend tout en douceur. La promenade se poursuit, il retrouve alors le produit et les effets sont moins bons. Une première petite chute. Cette situation, je l’écrivais dans « Euphorie », un des titres de  l’album – ebook « AddictionS » du groupe de hard rock Satan Jokers (validé par la MILDECA comme outil de prévention en 2013 http://www.drogues.gouv.fr/site-professionnel/prevention/outils-de-prevention-valides-par-la-mildt/tous-les-outils-valides/approche-globale-des-drogues-informer-responsabiliser-conseiller/#c2860 )  : « Sniffe moi, Fume moi, Fixe moi /Euphorie – premier flash/ Toute puissance, mes neurones lâchent / Plus d’euphorie c’est le crash ».
Agité, excité, énervé, il court chercher sa pépite mais la tolérance (essayer de retrouver les effets de la première fois) et le sevrage (manque) se sont installés. Rien n’est plus pareil ! Sa vie devient terne. Hadicto est marqué physiquement…et psychiquement. Il consomme pour ne pas souffrir. La tristesse l’envahit. Sa vie n’a plus qu’un côté obscur. Tout ceci en 4 minutes virtuelles et quelques.
hadicto
Andreas Hykade, l’auteur de ce film d’animation, décrit simplement l’addiction, cette maladie du système de récompense avec des composantes physiques, psychiques, sociales. Même si cette métaphore animée est intéressante comme introduction à cette pathologie, elle se fait l’écho de l’équation préhistorique produit-individu-environnement. Il convient donc de préciser un peu les choses ! Un sujet est vulnérable à l’addiction à une substance licite (alcool, tabac) ou illicite (cocaïne, opiacés, amphétamines, nouveaux produits de synthèse…) ou à un comportement (jeux de hasard et d’argent, sexe, internet, jeux vidéos…) si différents facteurs entrent en jeu : son développement personnel, sa maturité pubertaire, son tempérament, sa personnalité, la présence de troubles psychiques associés (dépression, anxiété…), des facteurs génétiques (même s’ils expliquent à moins de 50% la maladie addictive), le stress environnemental, la disponibilité du produit addictogène, l’influence du groupe de pairs, le modeling (faire comme les plus grands), les anomalies neurobiologiques (circuits cérébraux, métabolisme cérébral et phénomène d’adaptation du cerveau face aux agressions extérieures), l’âge de début précoce de la consommation, les excès en tout genre, le caractère solitaire de la consommation…Donc un modèle multimodal complexe associant développement en interaction avec la génétique, le cerveau, l’environnement, le comportement et les troubles psychologiques et physiques associés.
Le craving, cette envie irrésistible, cette envie à crever de consommer est un marqueur fort d’addiction. Il doit être associé à un certain nombre d’autres signes cliniques comme le manque, la tolérance, la perte de contrôle, de temps, d’argent, les difficultés à arrêter ou à réduire sa consommation, les conséquences psychologiques, physiques, environnementales pour signer l’addiction. Les faux pas et les rechutes font partie du cycle évolutif de cette maladie. La trimorbidité, à savoir le somatique, le psychique et l’addiction, est de rigueur. Il n’y a pas un mais plusieurs traitements à envisager chez une personne souffrant d’addiction. Les programmes de soins doivent être ciblés en fonction des patients.
Informer, sensibiliser, prévenir est la triade que l’association SOS ADDICTIONS veut mettre en avant à coup d’injections de rappel et non de simple One Shot ! L’histoire d’Hadicto est un bel exemple de sensibilisation pour les jeunes et les moins jeunes.