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Dossier spécial Les Inrocks : ADDICTION à l’oeuvre, une histoire de cinéma, de 1895 à 2019

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Actualité de l'association

Dossier spécial Les Inrocks : ADDICTION à l’oeuvre, une histoire de cinéma, de 1895 à 2019

Les drogues nous ennuient avec leur paradis.
Qu’elles nous apportent plutôt un peu plus de savoir.
Nous ne sommes pas un siècle à paradis.

Henri Michaux, Connaissance par les gouffres
 

LE CINÉMA : UNE HISTOIRE D’ADDICTIONS
par Thierry Jousse

Il y a bien longtemps que la question de l’addiction sous toutes ses formes – attraction, éblouissement, dépendance, déchéance – traverse en son milieu le cinéma. Depuis Griffith et Max Linder au moins. Je vois deux raisons évidentes à ce phénomène étonnant. La première c’est que le Hollywood d’antan était un des lieux privilégiés de l’addiction au sexe, au jeu ou à la drogue. Il suffit de lire Hollywood Babylone de Kenneth Anger pour s’en convaincre.
La deuxième, c’est que le cinéma dans son dispositif même, mental et hypnotique, est une drogue et qu’à ce titre il peut naturellement provoquer l’addiction. La cinéphilie n’est-elle pas, par définition, une des formes les plus pures de l’addiction ? Et ce d’autant plus que cette attraction fatale pour le cinéma suppose l’idée de répétition à l’infini…
L’histoire du cinéma ne serait-elle pas tout simplement une histoire d’addictions ? C’est en tout cas ce que suppose cette programmation qui trace une ligne serpentine entre les décennies et qui slalome entre le jeu (La Baie des Anges), l’alcool (Rio Bravo, Love Streams…), la drogue, pour aboutir à deux filmsmonstres du cinéma contemporain – Spring Breakers et Le Loup de Wall Street. Deux films qui incarnent l’horreur de l’addiction en même temps que sa dangereuse séduction. Deux films qui mettent leurs spectateurs en face de cette contradiction cruciale entre attirance et répulsion.
Deux films qui témoignent des liens organiques entre capitalisme consumériste et addictions sous toutes leurs formes. Deux films qui, comme tous ceux qui figurent dans cette programmation, montrent que le cinéma est décidément le médium le plus sophistiqué et le plus approprié pour affronter l’addiction.

L’événement

dfilms propose aux héritiers de Serge Daney*, aux “ciné-fils” et aux “ciné-filles”, de construire une histoire de cinéma autour d’un concept qui concerne tout le monde, l’addiction.
Pour rester en harmonie avec tous les publics, la programmation ADDICTION à l’oeuvre, se déroulera en cinq parties, 2015-2019.
Préambule de la manifestation, ADDICTION à l’oeuvre : du 28 novembre au 7 décembre 2014, Paris Nicole Brenez, Judith Revault D’Allonnes, Cynthia Fleury, Alain Bergala, Bernard Blistène, Jean-Pierre Couteron, Thierry Jousse, André S. Labarthe, Jean‑Marc Lalanne, Jean‑François Rauger, Charles Tesson, William Lowenstein ont accepté d’écrire et d’intervenir pour cette manifestation.
Colloques, conférences, lectures, performances, programmations ciné-musicales, publications et exposition d’art contemporain, s’accorderont à cette histoire de cinéma.